La Groupama-FDJ tourne la page Thibaut Pinot avec de nouveaux jeunes et de nombreuses incertitudes

Thibaut Pinot a dit non à Paris-Nice. Le retraité du peloton français n’apparaîtra pas à la télé, ne festoiera pas avec des sponsors sous tente blanche, aux abords de la course, qui s’élance dimanche 3 mars des Mureaux (Yvelines), pour huit étapes et 1 220 kilomètres de plongée vers la Méditerranée. Pinot a aussi dit non à un partenariat avec une banque. Non à la promotion d’une épreuve cycliste en Chine. Non à presque toutes les requêtes – hormis un contrat d’image avec les cycles Lapierre – que le « perdant magnifique », retiré depuis décembre 2023, continue de recevoir dans sa boîte aux lettres, à raison de deux par jour.
Pinot a trop à faire chez lui, dans sa région des Mille Etangs, en Haute-Saône. Des chèvres à nourrir, un nouveau chien. Seules les images télé et Instagram le rattachent à son ancienne vie. Mercredi, le néopaysan prenait ainsi des nouvelles de Lenny Martinez : son ex-coéquipier, son cadet de treize ans, gagne en solitaire une course italienne de référence, le Trofeo Laigueglia. Pinot est venu apposer un « like » sous la photo. Une passation ? Existe-t-il un nouveau Pinot ?
Solaire, tranchant, Lenny Martinez exauce par son style et ses concrétisations les vœux de Marc Madiot, manager général de l’équipe Groupama-FDJ : « Gagner le plus souvent possible, les plus grandes courses possible. » Il occupe un terrain et un vide. Grâce à lui, son équipe peut « tourner la page » de Thibaut Pinot, « écrire un nouveau chapitre », selon les métaphores livresques qu’elle aime employer.
En ce mois de février, Martinez, 20 ans, s’est déjà imposé au mont Faron, au-dessus de la rade de Toulon, et a terminé deuxième de Gran Camiño, une épreuve espagnole par étapes, entre deux anciens vainqueurs du Tour de France, Jonas Vingegaard et Egan Bernal.
Le grimpeur explosif refuse le titre de successeur de Thibaut Pinot. Fils de Miguel, champion olympique de VTT, petit-fils de Mariano, maillot à pois du Tour, le dernier cycliste de la dynastie balaie les comparaisons, et répète : « Moi, je suis Lenny. » Son employeur approuve : « On ne trouvera pas le nouveau Pinot », tranche Madiot, qui avait préparé la vacance de longue date. Pour lui, en effet, Pinot n’était pas supposé revenir au premier plan après ses déboires de santé, en 2019 et 2020. C’est pourquoi Madiot a enclenché « l’opération Nouvelle Vague », qui livre déjà ses résultats au palmarès de l’équipe.
La manœuvre est rare dans le sport cycliste : ce sont pas moins de huit jeunes talents qui ont été embauchés entre août 2022 et janvier 2023, tous puisés dans le groupe réserve. Outre Lenny Martinez, la direction a fait signer Romain Grégoire, autre redoutable chasseur de succès, mais aussi le sprinter Paul Penhoët, le versatile Enzo Paleni, de solides équipiers comme l’Italien Lorenzo Germani, le Britannique Sam Watson et les Néo-Zélandais Laurence Pithie et Reuben Thompson, capables s’il le faut de se muer en vainqueurs…
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